Le cidre, boisson connue depuis l'antiquité, était apprécié pour ses vertus rafraîchissantes et curatives. Déjà Hippocrate au IVème siècle avant J.C. le recommandait pour les malades.
En Normandie, la pomme était présente bien avant le raisin. Nos ancêtres les Gaulois faisaient leur ordinaire d'une boisson fermentée que les romains vont appeler plus tard "sicera" quand la vigne arrivera ; vignes et pommiers cohabitent au cours des siècles en Normandie.
C’est au XIIIème siècle, avec l’invention de la presse, que le cidre a pu se développer et ce jusqu’au XIXème siècle. D'abord dans les campagnes puis jusque sur la table des rois de France, en particulier celle de François Ier, puis plus tard sur celle de Louis XV et celle de Louis XVI qui en parlait avec éloquence. C'est au XIVème siècle que des plants de " Biscaye " sont importés en grande quantité par les rois de Navarre. Grâce à ces plants de pommiers à cidre de qualité, le verger normand connaît une véritable renaissance. Quelques décennies plus tard, Charles IX décide l’arrachage du vignoble normand pour libérer des terres céréalières. Le vin normand n’était à vrai dire qu’une affreuse piquette ! Cette décision favorisa le développement du verger et fit de la Normandie la première région cidricole de France.
Au XIXème siècle, la consommation du cidre est en plein essor. Malheureusement, la première guerre mondiale stoppa net cet élan, d’une part par la découverte du vin et de la bière par les soldats, d’autre part par le début de l’exode rural qui provoqua peu à peu le déclin des vergers. En moins d’un siècle, la consommation de cidre passe de 60 litres par habitant à moins de 2 litres.
Aujourd’hui, les professionnels de la filière cidricole redonnent au cidre et au poiré leurs lettres de noblesse, ceci en privilégiant la qualité par une meilleure approche des variétés de pommes et de poires choisies et par un contrôle technique de plus en plus poussé. Cette rigueur dans le contrôle de l’élaboration du cidre, et il convient d’ajouter ce souci de retrouver intact le goût typique de son terroir, ont fait que l'image des cidres est quelque peu remontée ces dernières années dans l’estime des connaisseurs. Au point que nombre de chefs normands sont désormais fiers de le conseiller pour accompagner certains de leurs menus.
Le verger cidricole normand produit chaque année entre 300 et 350 000 tonnes de fruits à cidre, soit plus de 50 % de la production nationale du verger basses-tiges. Les quantités de fruits à cidre transformées par l'industrie française se situent autour de 225 à 250 000 tonnes de moyenne annuelle, alors que la production de fruits à cidre en France est d'environ 500 à 600 000 tonnes. La production fermière française s'est développée et structurée. Elle valorise tous les ans entre 20 et 25 000 tonnes de fruits.
Les cidres produits en Normandie sont différents d'une zone à l'autre de la région, créant ainsi une réelle diversité. Pour preuve de cette diversité, une carte des cidres et poirés de Normandie est proposée aux restaurateurs qui veulent en faire la promotion. Des cidres et poirés ont ainsi été caractérisés « Fraîcheur », « Corsé », « Douceur », « Saveur », en accord avec les plats qu'ils accompagnent.
Par ailleurs, certains cidres typiques de la région disposent d’un signe officiel d’identification de la qualité et de l’origine :
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cidre de Normandie ou cidre normand (IGP depuis 2000)
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cidre du Pays d’Auge (AOC depuis 1996 et AOP depuis 2008)
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cidre Cotentin (AOP depuis 2016)
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cidre du Perche et cidre du Pays de Caux, tous deux en démarche de reconnaissance en AOP
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les cidres biologiques